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Oui ou non? Allaiter son enfant après 2 ans
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Oui ou non? Allaiter son enfant après 2 ans

Texte: Geneviève Gourdeau
Photo: Shutterstock

Personne ne peut remettre en doute les bienfaits de l’allaitement maternel. Selon l’Institut de la statistique du Québec, 12,7% des mamans allaitent encore leur bébé à un an. Bien qu’il n’existe pas de données après cet âge, certaines mères choisissent de prolonger l’allaitement, parfois au-delà de trois ans, voire jusqu’à l’entrée à l’école. Est-ce sain pour le développement de l’enfant? Retarde-t-on le processus de détachement mère-enfant? Un sujet délicat certes, mais qui mérite un éclairage nuancé.

Oui
Point de vue de l’expert
Kathleen Couillard, monitrice et agente de liaison auprès des professionnels de la santé au sein de la Ligue La Leche
 
Selon Kathleen Couillard, «au-delà de trois ans, l’allaitement prend une dimension surtout relationnelle. Il devient un moment privilégié entre une mère et son enfant. La tétée est souvent une bonne façon d’aider un jeune enfant à se calmer après une crise ou de vivre un moment de calme dans une journée mouvementée.» Y a-t-il de réels bienfaits sur la santé de l’enfant? On sait qu’après trois ans, la quantité de lait consommée diminue et l’alimentation est variée. «On suppose que le lait maternel a un impact modeste sur la croissance de l’enfant. Mais on sait que les composantes immunitaires – comme les anticorps – y sont plus concentrées.» Comme le système immunitaire d’un enfant n’est pas mature avant 5 ou 6 ans, le lait maternel pourrait constituer un atout pour combattre les maladies, bien qu’il n’existe aucune étude pouvant confirmer ou infirmer ce rôle. Et comment cela se passe pour les pères? Peuvent-ils trouver l’allaitement prolongé intrusif par rapport à l’intimité du couple? «Dans les familles où les enfants sont allaités de façon prolongée, le couple a souvent eu une discussion sur le sujet. Le père est donc habituellement à l’aise avec ce choix et soutient la mère dans son allaitement. Ces pères font très bien la distinction entre le sein nourricier et le sein sexuel.»
 

Non
Point de vue de l’expert
Nathalie Parent, psychologue
 
«Lorsque l’on regarde les définitions du mot allaitement, on remarque que les termes bébé et nourrisson y sont associés. Quand le bébé arrive à 18 mois environ, on utilise le terme enfant. Avec l’acquisition du langage, l’enfant devient une personne à part entière. Et voir une personne à part entière boire au sein, ça crée un malaise, qu’on le veuille ou non», explique Nathalie Parent, psychologue. Dans certains pays sous-développés, où il n’y a pas d’eau courante, le lait maternel vient étancher la soif d’un enfant plus grand. «Mais ici, nous sommes dans un pays industrialisé et avons accès à l’eau et au lait», ajoute la psychologue. Et qu’en est-il du besoin d’autonomie et du détachement mère-enfant? «Lorsque l’on tient compte de son besoin d’autonomie et d’ouverture sur le monde, le bébé, tout naturellement vers 8-10 mois, sera plus intéressé par une bouteille de lait qu’il peut manipuler en découvrant ce qui bouge autour de lui que par le fait d’être confiné au sein. Dans la vision du bébé de cet âge, la maman devient une personne également, et pas juste un sein qui donne à boire. Elle peut rassurer autrement que par le sein (bras, voix douce, etc.).» Pour la mère, le désir de retrouver son corps, pour elle-même et pour séduire son amoureux, s’installe en simultané à cette même période. «Naturellement, elle doit faire le deuil de l’allaitement, graduellement.»



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